Interview Catherine Renard : pourquoi avoir conçu la méthode FaciliDYS ?

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« Après avoir accompagné la mise en place de dispositif Ulis (Unités Localisées d’Inclusion Scolaire) TSLA (Troubles Spécifiques du Langage et des Apprentissages), j’ai constaté mes lacunes en neuro-sciences.

Pour y palier, bien que Docteur en Psychologie, j’ai souhaité parfaire mes connaissances en suivant un cursus universitaire à la faculté de Médecine de Marseille.

 

A l’origine, j’ai conçu cette méthode pour les élèves dyslexiques du primaire, avec lesquels je travaille depuis plus de 35 ans, d’où la collection FaciliDYS juniors.

Participant à plusieurs salons du livre et journées des DYS (aux alentours du 10 octobre), des parents sont venus me réclamer des livres pour leurs adolescents, d’où la collection FaciliDYS ados.

Certains autres parents m’ont confié être eux-mêmes dyslexiques et m’ont demandé des livres pour eux, d’où la collection FaciliDYS adultes.

 

D’abord créée pour les élèves dyslexiques, la méthode FaciliDYS a été utilisée par les parents pour des enfants présentant d’autres troubles comme la dysorthographie, la dysphasie, l’autisme, la trisomie, la déficience intellectuelle, …

Des enseignants pour adultes étrangers arrivant en France m’ont dit utiliser également la méthode pour enseigner le Français Langue Étrangère (FLE).

Ainsi FaciliDYS convient à des personnes rencontrant des difficultés de lecture, pas forcément dyslexiques.

L’utilisation de la méthode est une étape transitoire, la marche intermédiaire entre un apprenti lecteur et un lecteur expert.

La lecture sera automatisée grâce aux supports FaciliDYS, et plus tard le lecteur aura tout le loisir de prendre des supports ordinaires, écrits en noir.

Attention, cela ne veut pas dire qu’il ne sera plus dyslexique.

 

 

Écouter lire à voix haute un élève dyslexique suffit à comprendre l’effort surhumain qu’il produit pour un résultat souvent médiocre. Concentré sur le déchiffrage, l’élève dyslexique ne comprend pas ce qu’il lit.

Après une page de lecture et parfois même avant, il s’arrête, dépité, convaincu qu’il ne saura jamais lire comme les autres élèves.

 

Comment soulager les élèves dyslexiques qui doivent lire une quantité impressionnante de textes, de livres, de consignes ?

Ils mettent en place des stratégies de compensation, mais celles-ci ont un coût en énergie équivalent à : « monter le Mont Blanc en tongs » !

Cela fait sourire, mais celui qui vit cet effort au quotidien sait de quoi je parle.

 

Et puis, il y a ceux qui dissimulent. Ils ne veulent pas montrer qu’ils ne savent pas lire. Ils trouvent des « stratagèmes » qui montrent leur intelligence, comme : « je n’ai pas le temps, j’ai oublié mes lunettes, mon livre ».

Ou bien, ils tentent de mémoriser le plus d’informations possibles pour pouvoir exécuter la consigne, que ce soit en math, en français… Dans toutes les disciplines scolaires, il faut lire et écrire.

Un petit exemple pour illustrer mon propos : savez-vous comment un dyslexique choisit un livre dans la bibliothèque ?

Ses critères sont simples : un livre plutôt mince, écrit en gros caractères, comportant beaucoup de dessins.

Les mangas, les BD, les documentaires font également l’affaire.

 

Imaginez les efforts à fournir pour lire un livre de la littérature classique, avec des tournures de phrases inusitées depuis au moins deux siècles.

Bien sûr il faut étudier « les classiques », et pas la version abrégée s’il vous plaît.

Quand vous allez au cinéma, vous ne regardez pas que la bande annonce, vous ne vous arrêtez pas aux ¾ du film.

Parfois, les élèves dyslexiques ont des parents compréhensifs, qui lisent avec leur enfant l’œuvre à étudier et prennent le temps d’expliquer tout le vocabulaire que l’on n’utilise plus depuis longtemps, pendant le week-end et les vacances scolaires.

Certains parents achètent la version audio, ou une vidéo permettant l’accès au sens.

Certains élèves se débrouillent par eux-mêmes, en recherchant sur internet le résumé de chaque chapitre, plus court à lire.

 

C’est pour tous ses élèves, souvent traités de « fainéants », de « nuls » que je me suis interrogée pour savoir comment réduire leur calvaire et leur permettre d’accéder à la lecture et donc à la culture et éviter ainsi le décrochage scolaire.

Pendant 2 ans, avec eux, j’ai mis au point la méthode FaciliDYS, prenant en compte leurs remarques souvent judicieuses et leurs suggestions.

Quelle joie de voir dans leurs yeux un texte enfin accessible !

 

Une mère enseignante, avec laquelle je travaille, m’a révélée que son fils avait enfin automatisé la lecture et avait pu basculer sur un texte ordinaire, en noir. Après avoir lu trois livres, il n’avait plus besoin de FaciliDYS.

 

Cette méthode a été créée en 2014 et déposée en 2016.

Parfois copiée, souvent assez mal (rajouter des erreurs dans le texte pour des personnes qui ne lisent pas de façon fluide, est-ce les aider ?), mais jamais égalée, la méthode FaciliDYS est une création originale et efficiente, la plus simple et la plus performante utilisant le découpage phonétique syllabique colorisé ».

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